Arnaques, Limes et Mécanique (BMW R90S)

Un super projet à priori
Un amateur de belle mécanique m’a consulté pour un projet de restauration intégrale d’une BMW R90, et pas n’importe laquelle: Une R90 S. En prime sa petite soeur, une R90/6, très jolie également :

A priori seulement: les premiers soupçons
La « S » est de couleur blanche :

Or, sur les 17465 unités produites, deux couleurs étaient disponibles : « Daytona » (Silberrauch):

Et Smoke (Noir / Argent fumé):

BMW avait choisi ces couleurs fumées distinctives afin de correspondre à son image de sport-tourer raffinée. Bon, c’est embêtant mais pas si grave, la peinture a pu être refaite, on continue l’examen de la moto… Le cadre est bien un cadre de 90 S, le pont arrière également (33/11).
Nouvelle « anomalie »: Les carburateurs en place sont des BING alors que d’origine il y avait des DELL’ORTO de 38:


La désillusion totale
Il restait le moteur pour sauver le projet: La plaque « BMW R90S » se voulait rassurante. Malheureusement en vérifiant le numéro de série (mal maquillé), il ne m’aura pas fallut longtemps pour découvrir qu’il s’agissait en réalité d’un moteur de R100RS !!!
Même si la moto reste belle, c’est et restera une « bitza » et le budget achat + restauration sera plus conséquent qu’un produit conforme à l’origine… peu d’intérêt dans ce cas.
Je conviens avec mon client de partir sur une simple « remise en route » de la machine, afin de limiter les frais et de pouvoir, au choix, profiter de la moto ou la revendre en état de marche.
Une restauration « à minima »
Aucune des deux motos ne tourne, et je n’ai aucun historique mécanique. Il me faut donc tout inspecter de fond en comble. Première bonne nouvelle: Les moteurs ne sont pas bloqués, je peux tenter une remise en marche. D’abord, prise de compression : 9 bars à gauche et 11 bars à droite (pas top…). Puis démontage des carburateurs. Comme je le pensais, les dépôts ont fait leurs effets:


Après démontage complet des deux carburateurs, je constate que les membranes sont plutôt belles – elles sont visiblement déjà été remplacées:

Ah, regardez au fond: les vis d’axe de papillon, ça a le don de m’agacer comme il faut… En effet pour retirer les vis correctement il faut limer les parties filetées sinon on arrache le filetage de l’axe de papillon. L’ancien « mécano » ne s’est pas embêté, il a tout foiré, mis des vis non appropriées et en plus un petit écrou pour bloquer l’ensemble. Ni vu ni connu… tant que l’écrou ne termine pas dans le moteur !!!
Il manque par ailleurs un joint torique sur le gicleur de ralenti:

Ensuite, reserrage culasse (elle était à peine serrée) et réglages des culbuteurs :

Oh, la moto a du tomber, on voit bien les amorces de crique à l’intérieur (couvre culasse HS!!! ça continue…):

La commande de starter se trouve en dessous du réservoir, et là on retrouve une commande de starter juste là pour l’esthétique surement:

Finalement le moteur démarre, j’ai pu rééquilibrer les compressions, mais rien de formidable. A la vue du temps passé et du nombre de pièces à remplacer…. le projet ne serait pas rentable si on s’engageait dans une restauration complète pour la remettre d’origine – sans parler de la peinture originale, faite à la main, qui aurait été un vrai challenge.
Dommage pour mon client et pour Mécanique Authentique de ne pas concrétiser ce projet.
[Update 15/08/2021] : Nous ne pouvions pas rester sur ce constat d’échec… voir la suite 😉